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La révolution ferroviaire est en marche ! (BTP Rail n° 15 - Mars 2017)

Dans cette tribune, Jean-Pierre Audoux délégué général de la fédération des industries ferroviaires (FIF), retrace les grandes évolutions de la filière et les enjeux de demain. Il évoque notamment les mutations géoéconomiques majeures vécues par le secteur ferroviaire depuis 1999, la place de la France au sein de l'économie mondialisée et la nécessité pour les acteurs du ferroviaire de devenir des opérateurs de la mobilité.

1999 — 2017: le secteur ferro­viaire a vécu des mutations géoéconomiques majeures

Quatre grandes tendances ont émergé à l'amorce de ce 21esiècle. La première est que le marché ferroviaire a crû de manière plus conséquente que le PIB mondial. Un fait important qui démontre le dynamisme durable de ce marché. Deuxième grande tendance : le marché mondial du ferroviaire a changé de dimension en près de 20 ans. La dernière étude Roland Berger évalue à 159,3 milliards d'euros le chiffre d'affaires du marché. L'activité pointait à 35 milliards en 1994 selon une étude Mercer. Le marché est devenu mondial, c'est là le 3e constat mais surtout l'émergence de l'Asie s'est accélérée. Beaucoup d'investisse­ments ont été opérés par la Chine plus particulièrement qui a fait du ferro­viaire l'un de ses axes stratégiques de développement. Auparavant considéré par les intégrateurs européens comme  un eldorado, la pensée s'est inversée. C'est désormais la Chine qui se déve­loppe à l'étranger. Enfin, un quatrième constat qui rejoint le précédent : les grands groupes de l'époque (Alstom, ADTranz, Siemens...) ont perdu des parts de marchés et ont vu leurs marges se réduire face à la double pression de leurs nouveaux concur­rents européens et de la concurrence chinoise, japonaise ou coréenne.

 La place de la France au sein de l'économie mondialisée

La France a cette chance de disposer d'une expérience dans presque tous les segments ferroviaire : le métro automatique, la grande vitesse, la signalisation... En Chine, des opportunités perdurent pour les entreprises françaises, notamment en matière de tramway et de signalisation. Nos entreprises ont une présence à l'international forte qui leur permet de lutter face à l'émergence asiatique  et aux nouveaux acteurs européens. A noter aussi l'attractivité de notre territoire : on observe de nombreuses fusions — acquisitions de l'étranger vers la France. C'est une marque réelle de notre savoir-faire, mais aussi une source d'inquiétudes.

Sur le volet intérieur, de nombreux chantiers permettront de valoriser notre savoir-faire à l'échelle mondiale. Citons entre autres la fin des travaux de quatre nouvelles lignes à grande vitesse, les intercités avec notam­ment la Normandie qui deviendra la première Région à devenir AOT pour le TET. L'urbain et le péri-urbain est un marché en pleine expansion avec notamment le projet du Grand Paris et le renouvellement du parc de trains d'Ile-de-France. Malgré la crise, les investissements de régénération du réseau ont triplé entre 2005 et 2015. Aujourd'hui, l'heure est à sa moder­nisation et non plus seulement à son renouvellement.

De belles perspectives qui doivent cependant ne pas occulter des dossiers plus sensibles comme le fret par exemple. Par ailleurs, les débats sont multiples concernant l'ouverture à la concurrence pour les voyageurs. Il y a là de fait des enjeux majeurs pour l'industrie ferroviaire.

Dans 20 ans, les acteurs du ferroviaire deviendront des opérateurs de la mobilité !

Les défis sont là aussi multiples et une interrogation demeure en matière de disruptif. De grandes innovations sont nées par le passé : le TGV bien sûr mais aussi le tramway avec alimentation par le sol ou encore les trains hybrides. La dernière grande révolution technologique et sociétale qu'a vécue le ferroviaire est la grande vitesse. Désormais, l'innovation se concentre davantage sur la manière d'optimiser la maintenance, l'information voyageur... Les opérateurs ferroviaires s'efforcent à devenir des opérateurs de la mobilité I Le secteur fait face à une urbanisation croissance qui rend plus cher la construction de lignes dans les villes. Parallèlement, le ferroviaire est moins connecté que la route. Une vraie révolution est à opérer, à commencer par la digitalisa­tion du ferroviaire. Une des solutions est-elle de collaborer davantage avec d'autres secteurs qui proposent des modes de transports alternatifs ou d'autres services de mobilités ? Pour­quoi pas... Les grandes tendances de demain seront liées à l'intermodalité, à la mobilité et à la valorisation du patrimoine.